[On sonne à la porte. Barnier râle] Le revoilà ! [Charles ouvre la porte. C'est une dame qui postule pour être leur nouvelle servante] Bonjour Monsieur... je suis envoyée par le bureau de placement. [Barnier] Qu'est-ce que c'est ? [Charles] C'est de la part du bureau de placement, Monsieur ! [Barnier] Ah, oui ! [Charles répète] Le bureau de placement, monsieur... [Barnier] Non mais c'est pas grave, voyons... [il se met à chantonner tout en accompagnant la personne à l'intérieur] [Elle s'assied] Merci, Monsieur ! [Barnier] Ah, le bureau de placement vous a expliqué de quoi il s'agissait ? [Elle poursuit] Oui, Monsieur, je suis au courant ! [Barnier] Vous avez peut-être des certificats ? [Mais naturellement, Monsieur !] Ah... [Elle fouille dans ses papiers] Le premier date d'il y a 24 ans... [Barnier, étonné] Vous étiez déjà placée il y a 24 ans ? [L'air complice] Oui... et ça m'a même fait tout drôle lorsque le bureau de placement m'a demandé de venir me présenter ici ! [Barnier, toujours aussi étonné] Pourquoi ça ?! [Elle poursuit] Oh, je ne voulais pas venir, d'abord, et puis... je me suis décidé tout de même ! [Barnier] Vous vouliez pas venir ?! Pour quelle raison ? [Elle lui tend un certificat] Tenez, lisez celui-ci... [Barnier lit] Je soussignée... [il s'interrompt brusquement] Madame Eugène Barnier ?! [Etonné] Mais c'est l'écriture de ma maman ! [Oui...] [Il se souvient de cette personne] Charlotte !! [Souriante] Mais oui, c'est moi ! J'ai servi chez vos parents il y a 24 ans ! [Barnier] Oooh, ça alors ! [Charlotte] Le temps passe ! Vous étiez un tout jeune homme... [Barnier] Bah écoutez, c'est pas difficile, j'avais... [Charlotte complète sans hésiter] 22 ans ! Et vous habitiez encore chez vos parents ! [Barnier, heureux] Mais ça me fait plaisir de vous revoir ! [Charlotte] Moi aussi, Monsieur Bertrand ! [Barnier] Je vous retrouve très bien, maintenant ! [Charlotte] A cette époque-là, j'étais jeune ! [Barnier] Et... qu'êtes-vous devenue, depuis ? [Charlotte] J'ai continué à servir chez les autres... [Barnier] Ooooh... jamais mariée ? [Charlotte] Non... mais j'ai une fille ! [Barnier] C'est pas possible... quel âge a t-elle ? [Charlotte] Elle va bientôt se marier ! [Barnier pousse un cri aigu] Wouuuuuuuuuh ! Mais c'est merveilleux ! [Charlotte, l'air embarassé] Oui ! Seulement, je suis un petit peu gênée, vis-à-vis de son fiancé, de ne pas pouvoir lui donner une petite dot... [Barnier, sans hésiter] Bon alors, écoutez ! Maintenant que nous nous sommes retrouvés, j'espère que vous me permettrez de lui faire un joli cadeau pour son mariage ! [Charlotte, ravie] Vous êtes vraiment très bon, Monsieur Bertrand ! [Barnier] Bon dites, je voulais savoir, maintenant, le... le fiancé... comment est-il ? [Charlotte] Oh, c'est un garçon très bien ! Il a une très très belle situation ! [Barnier pousse un nouveau cri aigu] Wouuuuuuuuh ! Mais vous devez être contente ! [Charlotte] Mais oui, mais, pensez donc... il gagne 6000 francs par mois... il est directeur commercial d'une très grosse entreprise... [Barnier, qui commence à comprendre, repousse le même cri, mais en faisant la grimace] Wouuuuuuuuuh... il s'appelle pas... Christian Martin, par hasard ?! [Charlotte n'en croit pas ses oreilles] Vous le connaissez ?! [Barnier] Comment, si je le connais, mais je ne connais que lui ! Et surtout depuis ce matin ! Mais alors... vous êtes la mère... de Jacqueline ! [Charlotte] Vous la connaissez aussi ? [Barnier s'emporte] Comment, si je la connais, mais m'enfin... c'est ma fille ! [Charlotte, spontanément] Vous le saviez ?! [Barnier ne se rend pas compte] Comment ? [Charlotte] Vous le saviez, que Jacqueline était votre fille ? [Barnier tombe des nues. Atterré par cet aveu, il se met à marcher avec nonchalance, en titubant autour du salon, sur fond de musique triste]
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