M. Daubray-Lacaze et sa femme Bernadette, avec laquelle il est en conflit, donne une conférence de presse sous forme d'émission télévisée, chez lui, où il oppose son programme politique à celui de sa femme, qui se présente contre lui aux élections municipales. [Technicien] Les caméras, en place, s'il vous plaît ! [Le couple Daubray-Lacaze est au maquillage] [Assistant de Daubray-Lacaze] J'ai confiance en vous ! Vous allez la descendre, la ridiculiser ! [Daubray-Lacaze, un peu gêné] Oui, oui, bon, bah, ça va ! Je la raterai pas... [La secrétaire] Vous allez lui faire mordre la poussière, à ce vieux réactionnaire, hein ! [Bernadette, également agacée] Oui, je sais ce que j'ai à faire ! Et puis, je vous en prie ! C'est encore mon mari ! [Assistante] Bon, si vous voulez bien prendre votre place ! [Technicien] La caméra deux, plus près du podium ! [Technicien, à Bernadette] Madame, mettez-vous là ! [Vers Daubray-Lacaze] Monsieur, s'il vous plaît ! [Régisseur] Attention, début d'émission dans trois minutes ! [Bernadette, à son mari] Ton col ! [Elle lui montre son col de veste. Il montre un geste de dédain. Elle lève les yeux au ciel] [Technicien] Le cadreur de la caméra trois, en place, s'il vous plaît ! [Les projecteurs s'allument. Daubray-Lacaze croit que l'émission commence.] [Daubray-Lacaze] Ah, ça y est ! [Il enchaîne directement] Mon programme en trois points ! Premièrement, le plein emploi ! Deuxièmement, le plein emploi... [Le régisseur réagit] C'est pas encore à vous, arrêtez ! [Daubray-Lacaze continue, imperturbable] ...Troisièmement, le plein emploi ! [Bernadette réagit] Ah, c'est à moi, alors ! L'heure est venue de concilier croissance économique, et bien-être de la population ! [Le public applaudit. Daubray-Lacaze renchérit] Mon programme en trois points ! Premièrement, le plein emploi ! Deuxièmement, le plein emploi ! Troisièmement, le plein-em-ploi ! [Le régisseur] Mais arrêtez, bon sang, on est pas encore à l'antenne ! [Bernadette réplique] Nous pensons parfaitement au problème de l'emploi ! Les défenseurs de la nature ne veulent pas d'une croissance qui aliène l'homme ! Une croissance nouvelle ! Contrôlée ! Humaine ! [Daubray-Lacaze, à Bernadette] Vous parlez comme une femme qui n'a jamais travaillé ! [Bernadette] Espèce de tyran ! Despot ! Rétrograde ! [Daubray-Lacaze insiste] Mon programme en trois points ! Premièrement... [La journaliste s'agace] Personne ne peut le faire taire ?! [Bernadette lui fait signe] Si, moi ! [Elle s'adresse à son mari] Tu as détruit notre maison ! [Daubray-Lacaze réplique] Pour le bien de l'entreprise ! [Elle poursuit] Tu as détruit mon jardin d'hiver ! Ruiné mon potager ! Tu as détruit mes rèves ! Tu as piétiné mon coeur ! [Daubray-Lacaze se moque d'elle avec des mimiques] Arrête, ou je dis tout ! [Il réplique] Elle ne sait rien, j'lui disais jamais rien ! [Elle rigole] Ta comptabilité ! [Il s'étonne] Laquelle ? [Bernadette] La vraie ! [Il jubile] Ha, ha, ha ! Elle est cachée ! [Bernadette jubile davantage] Oui, je sais ! [Elle court chercher quelque chose] [Daubray-Lacaze poursuit, plutôt inquiet] Bon... mon programme en trois points... premièrement, le plein emploi, deuxièmement... le plein... [Bernadette surgit au balcon, avec d'énormes dossiers dans les mains] Aaah, regardez, sous les placards à chaussures ! [Elle lance joyeusement le contenu des dossiers vers le public] Et hop ! Et voilà ! [Daubray-Lacaze tente de l'arrêter] Non !! Bernadette ! [Vous pouvez contrôler !] [Daubray-Lacaze tente de réagir] Ne touchez à rien !! Vous êtes chez moi, foutez-moi le camp ! [Un technicien] L'émission commence ! [L'émission commence donc, avec, en premières images, le couple Daubray-Lacaze qui se dispute violemment] |