Alors que Pivert et Slimane, déguisés, défilent devant la foule, Salomon les reconnaît. Il s'adresse à Pivert. [Salomon] Rabbi Jacob ! [Pivert, avec l'accent] Voui ! [Il le reconnaît, effaré] C'est mon chauffir ! Il m'a reconnu, qu'est-ce que je vais fire ? [Salomon poursuit] Moi, je n'ai qu'une question à vous poser ! Mon patron m'a flanqué à la porte parce que je refusais de travailler le samedi ! Qu'est-ce que vous feriez à ma place ? [Pivert, toujours avec l'accent] Demande-lui de te réengager, il te dira voui ! Demande-lui de te augmenter, il te dira voui ! [Salomon] De me doubler ? [Il te dira voui !] [Salomon] De me tripler ? [Le naturel revient] Y... il te dira non ! [La foule rigole. Salomon descend et s'approche de Pivert, s'adresse discrètement à lui]Monsieur ne m'avait pas dit que Monsieur était juif ! [Pivert] Parce qu'hier, je ne l'étais pas, voilà ! Venez, venez... Faut que je vous dise un mot, je vous en supplie, ne dites rien ou je suis perdu ! La police, les marmouches, tout le monde veut ma peau ! [Salomon, étonné] Mais qu'est-ce que Monsieur a fait ? [Pivert] Rien, Salomon, je suis innocent, je vous le jure ! Il leur fallait un bouc émissaire, le bouc c'est moi ! Je suis un bouc, mêêêê... [il imite l'animal] [Il poursuit] Alors, écoutez... vous me cachez, et moi je vous réengage... et je vous donne les fêtes juives, les fêtes catholiques, les fêtes protestantes... plus tous vos sabbats et tous vos dimanches ! Allez ! [Salomon] Et les fêtes musulmanes, vous me les donnez, aussi ? |