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Pivert, en retard pour le mariage de sa fille, fonce à toute vitesse en voiture pour la rejoindre, aux côtés de Salomon. Pour éviter les bouchons, il double une file ininterrompue de voitures en franchissant la ligne continue.
[Salomon, effrayé] Monsieur ne veut pas que je prenne le volant ?
[Non, la barbe !]
[A contresens, une voiture arrive et klaxonne] MONSIEUR, MONSIEUR ! ATTENTION !
[Pivert] Ah mais, qu'est-ce qu'il fout dans la troisième file ?!!
[Il se rabat d'extrême justesse, et observe la voiture qu'il a manqué de percuter]Vous avez vu, c'est un Anglais ! Un Anglais ! J'les aime pas, moi, les Anglais ! Vous les aimez, vous, les Anglais ?!
[Ben oui !]
[Faisant des grimaces et tics nerveux] Bah moi j'les aime pas !
[Il constate que les deux voitures devant lui sont de nationalité étrangère]Regardez, Salomon !
[Quoi ?!] Regardez ! Un Suisse et un Allemand !
[Eeeet, alors ?]
[Il s'énerve] Nggh, un Suisse et un Allemand ! On est plus en France, ici ! Ngggh !
[Il les double et se rabat derrière une autre voiture]Eh bah voilà, maintenant, on est derrière un Belge ! Un Belge !
[Salomon] Pourquoi, les Belges non plus, vous les aimez pas ?!
[Pivert] Ils nous polluent, les Belges ! Tiens, regardez son pot, c'est un pot Belge, ça, hmmm !
[La voiture pollue fortement]Attendez, j'vais le doubler ! J'vais tripler !
[Il double toute une série de voitures, puis finit par entrer dans le village]

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Une fois arrivé au village en doublant toutes les voitures, il s'arrête au niveau d'une 2CV, conduite par un Français.
[Pivert] Alors là, regardez Salomon, regardez !
[Ben oui ! Quoi ?]
[Pivert] Eh bah, c'est propre, c'est net, c'est silencieux, y'a pas de fumée... eh eh... c'est un Français !
[Il lui fait un geste poli de la main, s'attendant à une réponse courtoise] Monsieur...
[L'homme dans la 2CV] Dis donc, toi ! Tu peux pas faire la queue, comme tout le monde ?! Abruti ! Crétin ! Cocu ! Andouille !
[Pivert] Vous avez entendu, hein ? C'est CA, les Français !

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Pivert aperçoit un mariage... la mariée est Noire. Outré, il en parle au policier qui vient de l'arrêter.
[Pivert] Ca alors ! Vous avez vu la mariée ?!
[Oui...]
[Pivert] Elle est Noire ! Elle est même pas "café au lait", elle est Noire ! Pis lui il est Blanc !
[Et alors ?!]
[Ne comprenant pas sa réaction] Bah, il est Blanc, elle est Noire...

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Pivert découvre avec effarement que son chauffeur, Salomon, est juif.Vous avez vu, Salomon ? Ils ont des voitures, maintenant ! Ils ont des Rolls blanches, les Noirs !En tout cas, c'est pas à Monsieur que ça risquerait d'arriver...
[Quoi donc ?]Que Mademoiselle épouse un Noir...
[Outré] Qu'est-ce que ça veut dire, ça ?!
[Salomon] Que Monsieur est peut-être un peu raciste...
[Sidéré] Raciste ? Moi, RACISTE ? Salomon ! Raciste !
[Il se calme] Enfin, Dieu merci, Antoinette épouse un Français bien blanc... bieeeeeen blanc ! Il est même un peu palôt, vous trouvez pas ? Avec ses p'tits boutons...
[Salomon, sossotant] Et son seveu sur la langue...
[Pivert] Il a un cheveu, mais il est riche ! Riche comme moi, et catholique comme tout le monde !
[Salomon] Pas comme tout le monde, Monsieur ! Parce que moi, par exemple, je suis juif !
[Outré et sans voix] Vous êtes juif ?! Comment, Salomon, vous êtes juif ?! Salomon est juif, oooooooooh !
[Salomon, enjoué] Et mon oncle Jacob, qui arrive de New-York, il est rabbin !
[Pivert, avec un sourire niais] Mais il est pas juif ?!
[Salomon] Bah si !
[Pivert] Mais pas toute votre famille ?!
[Si !]
[Pivert, dépité] Ecoutez, ça fait rien, j'vous garde quand même !

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Nous sommes le vendredi soir. Pivert et Salomon viennent de faire une sortie de route, la voiture est tombée dans un fleuve, avec son bateau sur le toit qui, à la renverse, la maintient hors de l'eau. Ils se débrouillent alors pour tenter de remorquer les véhicules. Pendant que Salomon tire le bateau, Pivert prévient son usine par téléphone.
[Pivert, au téléphone] Je vous ai dit, débrouillez-vous ! Il me faut tout de suite une dépanneuse !
[Salomon, qui tire le bateau, s'énerve] C'est plutôt un remorqueur, qu'il vous faudrait !
[Il tombe dans un trou d'eau]
[Pivert] Allez ! Tirez, mais tirez, vous en foutez pas une rame ! Allô, Allô ! Quoi ?! Une grève ? Eh bah alors, il manquait plus que ça !
[Il explique à Salomon] C'est mon usine qui s'est mise en grève !
[Salomon, exténué] Bah moi aussi j'me mets en grève ! J'en ai marre, marre, marre, marre !
[Pivert se met à le frapper avec son parapluie cassé] Qu'est-ce qu'y dit ? Qu'est-ce qu'y dit ? Qu'est-ce qu'y dit ?
[Ras-le-bol !] Tiens !
[Il reprend sa conversation téléphonique] Allô ! Je leur interdis de faire la grève ! Vous m'entendez ! Non, je vous dis non ! Alors, écoutez-moi... vous faites comme d'habitude, vous promettez tout, et moi je ne donne rien !
[Il aperçoit une voiture] Salomon, une voiture ! Oh !
[Il lâche le téléphone, qui atterit dans le visage de Salomon] Aïe !
[Pivert] Eh, eh, eh, eh, arrêtez-vous, arrêtez-vous, eh, arrêtez-vous, là !
[La voiture passe sans s'arrêter. Les occupants sont en fait Farès, Slimane et ses hommes qui vont vers l'usine de chewing-gum. Il jette son parapluie sur la voiture, mais elle ne s'arrête pas]
[Pivert peste] Voyous, égoïstes, saligauds !

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L'accident a eu lieu un vendredi soir. Salomon ayant avoué sa religion, il démontre sa Foi et tente de prendre congé, le samedi étant son jour de repos religieux.
[Pivert] Dites-moi Salomon, ce soir, vous pouvez peut-être faire une exception ? Je vous donnerai deux sabbats la semaine prochaine !
[Salomon] On voit bien que Monsieur n'est pas au courant des traditions !
[Pivert] Parfaitement ! Je ne suis pas au courant de vos simagrées ! Et j'en suis fier !
[Salomon réplique] Monsieur n'a pas le droit de manger de la viande le vendredi ! Moi, je n'ai pas le droit d'allumer l'éléctricité le samedi ! C'est pas plus bête !
[Pivert, avec véhémence] Si, c'est plus bête !
[Nan, c'est pas plus bête !]
[Il revient à la charge] Si, c'est plus bête !
[Non, c'est pas plus bête !]
[Pivert] Je vous dis que si ! Et puis en voilà assez ! Je vous donne vos huit jours, comme ça vous pourrez faire le sabbat tous les soirs !
[Salomon] Bien Monsieur, comme Monsieur voudra !
[Il mime l'ouverture d'une porte] Allez, sortez !

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Pivert vient de congédier Salomon après que la voiture soit tombée dans un fleuve. Il part donc à pied, seul, chercher du secours.
[Pivert] Saint Antoine de Padoue, faites-moi trouver un dépanneur ! Que je puisse faire réparer mon bateau, ma voiture, et engager un autre chauffeur ! Un catholique, cette fois je vous le promets Saint Antoine, un catholique comme vous, comme moi, comme le bon Dieu !
[Il aperçoit de la lumière au loin] Oh, une lumière ! Merci Saint Antoine !

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Parti seul à pieds chercher de l'aide après avoir congédié Salomon et vu sa voiture tomber dans un fleuve, Pivert se retrouve dans une vieille usine de fabrication de chewing-gum, et surprend des hauts fonctionnaires d'Etat règlant leurs comptes avec un dissident politique, Slimane.
[Slimane] Le peuple est avec moi !
[Farès] Ah oui ?! Mais le pouvoir est au bout du fusil !
[Pivert, en cachette] Mao Tsé-toung !
[Farès] Mohammed Larbi Slimane, en tant que président du tribunal contre-révolutionnaire, je te déclare traître à notre gouvernement.
[Ils s'insultent en arabe]
[Pivert] Mais qu'est-ce que c'est que ces patakweks ?
[...]
[Farès] Parle, Slimane. Et tu as la vie sauve.
[Slimane] La révolution, est comme une bicyclette. Quand elle n'avance pas, elle tombe !
[Pivert] Eddy Merckx !
[Un homme de main, qui se trouve juste derrière le mur où il se cache, lui répond mécaniquement, sans se demander d'où vient cette voix] Non, Che Guevara !

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Pivert, dans l'usine, parvient à trouver un téléphone. Il tente de joindre le 17, mais tombe sur un poste téléphonique interne de l'usine, qui se trouve dans la salle où la scène se déroule. C'est Farès qui répond.
[Farès] Allô ?
[Pivert] Allô, le 17, la police ?
[Oui !]
[Il bafouille] Donnez-moi le commissaire ! Vite, vite !
[Farès comprend qu'il s'agit d'un espion dans l'usine] C'est le commissaire à l'appareil !
[Pivert] M. le Commissaire ! Il faut venir tout de suite à l'usine de chewing-gum "Le Yankee" !
[Le chewing-gum ?]
[Pivert] Oui, le chewing-gum, gn, gn...
[Il imite un bruit de mastication]
[Farès] Euh... qui êtes-vous, Monsieur ?
[Pivert] Victor Pivert, industriel à Paris !
[Farès] Pivert ?
[Pivert] Pivert, pivert, comme un pivert...
[Il imite le bruit d'un pivert]
[Farès] Je vous écoute.
[Pivert] Voilà, M. le Commissaire. J'ai eu un accident de voiture, et je cherchais du secours, quand je suis tombé sur une bande de morricots en train de s'entretuer ! Des morricots avec des figures marron-jaunes, vous savez, gngh... des morricots, quoi !
[Farès] Et, où vous trouvez-vous, en ce moment, M. Pivert ?
[Pivert] Eh bah ici, au bureau, à l'usine ! Je suis dans l'usine, au bureau, à l'usine, là, voilà, elle est là !
[Farès] Surtout, ne bougez pas ! Nous arrivons.
[Il envoie ses hommes de main le chercher]
[Pivert, bafouillant] Très bien, M. le Commissaire... vous êtes bien bon !
[Farès] Mais dites-moi, M. Pivert... ces morricots, vous les avez vus ?
[Pivert, décrivant en fait Farès] Ah, je pense bien ! Et surtout un gros, huileux, il est frisotté avec des petits yeux, tout petits yeux cruels, avec des lunettes noires ! Une vraie tête d'assassin ! Vous comprenez, qu'ils règlent leurs comptes entre eux, très bien, moins y'en aura... mais pas chez nous, M. le Commissaire !
[Farès] Mais où sont-ils ?!
[Pivert] Hé hé, mais ils sont là !
[Il se rend compte qu'ils sont venus le chercher, et prend peur]

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Pivert, otage, tente de raisonner Slimane en lui recommandant de téléphoner à la police. Et ils ont tout deux une vision bien différente de la politique...
[...]
[Pivert] Mais alors, tout le monde est contre vous !
[Slimane] Non, le peuple est avec moi ! Et on ne peut pas mentir éternellement au peuple !
[Pivert] Mais si, on peut ! On peut très bien ! Moi, à mon usine, je lui mens toute la journée, au peuple ! Hé ! Mais il aime qu'on lui mente, le peuple ! Le peuple !
[Slimane] Nous balaierons toute cette pourriture ! Si ce soir, j'arrive à mon pays, demain, je suis Premier Ministre !
[Pivert] Premier Ministre ?! Mais vous savez que je suis très heureux de serrer le revolver d'un Premier Ministre !